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La Bibliothèque nationale de France se dote d’un nouveau musée
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Les enjeux de la création
 

La Bibliothèque nationale de France n’est pas seulement un lieu dédié à la littérature et à la recherche. En effet, l’institution est gardienne de nombreux artefacts et d’œuvres uniques qui ont façonné l’Histoire de France et l’histoire de l’art. Elle regorge de trésors accumulés par les rois de France et les gouvernements successifs. Aujourd’hui, ils constituent une collection remarquable, partie intégrante du patrimoine national. De nombreux musées font régulièrement appel à la bibliothèque pour obtenir des prêts issus de cette collection, dans le cadre d’expositions temporaires.

 

Dans le projet de rénovation, un nouveau lieu sera dédié à la présentation d’environ 1000 pièces sélectionnées dans les réserves de la BnF. Il permettra de réunir des objets de natures très diverses : estampes, photographies, objets, imprimés... Ce projet s’inscrit dans la démarche initiale de la rénovation du site, qui a notamment vocation à rendre accessible au plus grand nombre la bibliothèque et ses collections.

 

Le nouveau musée prend place dans des espaces d’exception, qui font le charme et la renommée de la BnF : la galerie Mazarine, classée Monument historique, le Cabinet précieux ?, la salle de Luynes, la salle Barthélémy, la salle des Colonnes ou encore la Rotonde des arts du spectacle, qui accueille déjà des visiteurs depuis la fin de l’année 2016.

 

Comme lors de tout nouvel aménagement au sein d’un établissement public, un concours a été organisé en avril 2017 afin de déterminer l’agence en charge de l’exécution du projet muséographique. C’est Guicciardini & Magni, une agence d’architecture italienne, qui a remporté ce marché. Le cabinet d’architecture avait également participé à la rénovation du parcours de visite du musée de Cluny en 2016. L’ambition de la BnF est d’ouvrir 950 m2 d’espaces d’exposition permanente selon deux axes : un parcours chronologique dans un premier temps, et un parcours thématique dans un second temps.

 

La définition d’une nouvelle identité
 

La programmation d’expositions temporaires existait par le passé dans la galerie Mansart, mais aussi ponctuellement dans d’autres espaces à Richelieu. Toutefois, avec ce nouveau musée, la bibliothèque souhaite mettre l’accent sur l’exposition d’œuvres issues de ses propres collections et les rendre ainsi accessibles au public.

 

Parmi les pièces phares exposées à la réouverture, les visiteurs pourront notamment admirer le Grand Camée de France, issu du Trésor de la Sainte-Chapelle, le globe terrestre dit Globe vert, premier globe à faire apparaître, vers 1506-1507, l’Amérique sous ce nom, la partition manuscrite de Don Giovanni de Mozart, le manuscrit de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, etc.

Pour Laurence Engel, « dans la relation avec le public, le fait de dire que la bibliothèque est un musée change les choses », car le public n’a pas forcément conscience qu’une bibliothèque peut également être un lieu où sont préservés des trésors nationaux, des objets patrimoniaux et des œuvres d’art. Il est étonné quand ce ne soient pas des manuscrits qui lui soient présentés et davantage encore lorsqu’on lui présente des œuvres contemporaines. Un effort de pédagogie est à cet égard fort utile.  

 

La Bibliothèque nationale de France n’est bien entendu pas la seule à se revendiquer en tant que musée. De ce point de vue, la Pierpont Morgan Library à New York constitue une référence emblématique. Le nom de Richelieu évoquera désormais non seulement une bibliothèque mais aussi un lieu de vie et un musée : cette redéfinition de l’identité du lieu changera intrinsèquement le regard du public.

 

 

Un musée, avant le musée : le Cabinet des monnaies et médailles

 

Le musée du Cabinet des monnaies et médailles est considéré comme étant le premier musée de l’histoire muséale. C’est à dire, que celui-ci montrait une collection dont la vocation était d’être étudiée mais aussi montrée, y compris pour les non spécialistes de cette matière.

 

Toutefois, le musée du département des monnaies et médailles ne donnait pas entière satisfaction ni au public qui n’en avait bien souvent pas la connaissance, ni au département qui en avait la responsabilité. “Ce n’est en effet jamais acceptable que d’avoir un outil dont la vocation est de montrer des trésors et de ne pas avoir la possibilité pour mille raisons de ne pas créer de lien avec le public” déclare la présidente de la BnF, Laurence Engel. La création du nouveau musée a notamment cette ambition de parer aux difficultés rencontrées par le Cabinet, et répondre à la fois aux attentes du public et du personnel de la BnF.

Raconter une histoire commune
 

« Jacques Vistel est le premier à avoir évoqué l’importance des collections de la Bibliothèque nationale comme objet muséal », souligne la présidente de la BnF. Conscient de la valeur artistique de la collection et du potentiel que comportait le site historique de la Bibliothèque nationale, il avance le fait qu’un public autre que celui des chercheurs peut exister. Les collections de la BnF sont universelles, et cette dimension s’exprime par le dépôt légal qui impose de manière systématique le dépôt d’un exemplaire de chaque publication à la BnF. L’ambition d’avoir un musée illustrait la possibilité de raconter une histoire commune au travers de tous les chefs- d’œuvre – livres, manuscrits, estampes, photographies, objets d’art – conservés à la bibliothèque.

 

Les collections nationales conservées à la BnF sont des biens communs, et ont valeur d’œuvre, parfois de chef-d’œuvre. La création du musée implique de se poser la question de ce qui va être montré, de ce que la BnF souhaite créer en terme de récit à destination du grand public. Les collections sont très riches, mais beaucoup d’objets ne peuvent pas être montrés de façon permanente, notamment pour des raisons de conservation préventive. Il faudra donc prévoir des parcours régulièrement renouvelés pour raconter les collections au public.

 

Le nouveau musée alliera parcours chronologique et salles thématiques. L’organisation chronologique sera simple et lisible pour rendre l’offre accessible à tous les publics. Les pièces pressenties répondront toutes à l’exigence de présenter des trésors issus des collections de l’ensemble des départements de la bibliothèque : départements spécialisés installés à Richelieu mais aussi Réserve des livres rares, installée à Tolbiac, bibliothèque de l’Arsenal, Bibliothèque-musée de l’Opéra et département de l’Audiovisuel.

 

 

A la rencontre de quel public ?
 

Pour Laurence Engel, « l’histoire des établissement culturels, c’est l’ouverture des collections au public le plus large possible ».

« Cet objet-là demande peut être un plus grand travail de médiation que d’autres qui ont plus d’évidence », déclare la présidente de la BnF.

 

Elle insiste également sur l’importance de la dimension visuelle pour le public français. On observe que les visiteurs viennent plus facilement dans les musées qui montrent des œuvres picturales… alors le musée de la BnF trouvera-t-il son public?

Lors des événements, comme les Journées européennes du Patrimoine, d’ouverture des

collections au grand public, on se rend compte que celui-ci est au rendez-vous dès qu’on lui en donne l’occasion ! Les Français ont également un engouement naturel pour l’histoire, ce qui est une raison supplémentaire pour visiter le nouveau musée de la BnF.

 

Au-delà de ces aspects la possibilité de voir un manuscrit suscite une certaine curiosité de la part du grand public, qui est sensible à la question de la matérialité de l’ouvrage et des objets plus largement.

 

La diversité des collections (objets, arts graphiques, etc.) permet de penser que le grand public ne manquera pas d’être attiré par cette ouverture.

 

 

Un lieu d’exception

 

C’est aussi un monument remarquable qui va être ouvert au public. Cet ensemble immobilier va devenir un monument qui pourra se visiter, et il est magnifique à bien des égards, puisqu’il raconte une histoire de l’architecture du XVII e au XXI e siècles, avec de grands noms de l’architecture qui ont travaillé sur ce lieu, mais aussi des espaces qui sont très agréables, y compris un jardin. Il y a cette « dimension de lieu secret qui va ouvrir ses portes ». C’est aussi un palais avec des décors somptueux, ancienne demeure du cardinal Mazarin. Le bâtiment est doté d’une très grande richesse, ce qui apporte une haute valeur ajoutée au musée, qui sera présenté dans un écrin sacré à la mesure des trésors qui y seront exposés.

 

 

 

 

Sources:

 

La galerie Mazarine devient l’un des espace phare du nouveau musée de la BnF ©

Guicciardini & Magni Architetti_BnF

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Jeu d’échecs dit de «Charlemagne», Italie méridionale, fin du XIe siècle © BnF - département des Monnaies, médailles et antiques

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